Le Syndrome ReNU
Découverte en 2024 par des équipes de chercheurs britanniques et américains, le syndrome ReNU est une maladie génétique, assez rare, causée par une mutation hétérozygote du gène RNU4-2 situé sur le chromosome 12 (12q24). Ce gène code pour le petit ARN nucléaire U4 (U4 snRNA). Il est un élément majeur du splicéosome qui permet l’épissage des ARN messagers (une partie de la maturation). RNU4-2 est fortement exprimé au niveau du développement cérébral.
Le gène est situé dans une partie de l'ADN non codant, ce qui explique sa découverte très récente. Jusque-là, le diagnostic ne pouvait se faire que sur un séquençage du génome entier, technique appelée exome.
La multiplicité et la gravité des troubles comportent des différences inter individuelles et en fonction du type de variant. Les mutations sont concentrées dans une région sensible qui comprend 18 nucléotides. Le type de mutation le plus fréquent est l'insertion d'un nucléotide dans une région critique de 18 nucléotides, comme le variant majoritaire n.64_65insT. Plus de dix variants d'insertion ont déjà été décrits. D'autres mutations consistent en une substitution de nucléotide. Plus de vingt types de substitution ont été retrouvés, comme par exemple n.65A>G ou n.76C>T.
Avant l'adoption du nom "syndrome ReNU", les premiers cas recensés étaient appelés porteurs du syndrome NEDHAFA, acronyme de 'neurodevelopmental disorder with hypotonia, brain anomalies, distinctive facies, and absent language'
Exemples d'anomalies présentées
ANOMALIES CÉRÉBRALES
Réduction du volume et anomalies non spécifiques de la substance blanche, hypoplasie du corps calleux (connexion entre les hémisphères cérébraux plus fine que la normale, ou parties manquantes), ventriculomégalie (ventricules élargis), retard de la myélinisation
RETARD GLOBAL DE DÉVELOPPEMENT
L'enfant met plus de temps que les autres de son âge à atteindre certaines étapes de son développement
TROUBLES GRAVES DU DÉVELOPPEMENT INTELLECTUEL
Limitations significatives du fonctionnement intellectuel et du comportement adaptatif, par exemple difficultés à apprendre ou à comprendre des instructions, à se souvenir des choses, à résoudre des problèmes et à appliquer de nouvelles informations
CRISES D'ÉPILEPSIE
Apparition à des âges variés parfois très jeune, convulsions hyperthermiques, crises focales et tonico-cloniques généralisées, état de mal épileptique
ANOMALIES VISUELLES
Hypoplasie du nerf optique, déficience visuelle corticale (le cerveau ne peut pas traiter les informations visuelles bien que les yeux soient fonctionnels), strabisme (mauvais alignement des yeux), nystagmus (mouvements involontaires, rythmiques et répétitifs des yeux), astigmatisme (besoin de correction visuelle)
TROUBLES DE LA MOTRICITÉ
Retard parfois important de la marche, incapacité à marcher ou troubles de la motricité
DYSMORPHIE FACIALE
Visage myopathe avec des yeux enfoncés (certains très espacés, d'autres très rapprochés), épicanthus (pli cutané s'étendant de la paupière supérieure à la paupière inférieure et recouvrant partiellement le coin interne de l'œil), arête nasale large, narines antéversées (nez retroussé), grandes oreilles en coupe (certaines tournées vers l'arrière), joues pleines, bouche caractéristique avec des lèvres pleines aux coins retroussés, palais haut et ogival, langue large ou saillante
HYPOTONIE GÉNÉRALISÉE
Tonus et force musculaire faibles, fatigabilité
TROUBLES DE CROISSANCE
Des problèmes de croissance ont été identifiés, tels que la microcéphalie (tête plus petite que prévu à la naissance), la petite taille et des problèmes endocriniens tels que l'hypothyroïdie ou le déficit en hormone de croissance, parfois détectable à l'échographie ou dans les premiers mois de vie
TROUBLES GASTRO-INTESTINAUX
Difficultés d'alimentation et bave excessive, troubles de l'oralité, constipation, reflux gastro-œsophagien, sonde gastrique ou jéjunale parfois nécessaire
TROUBLES DE LA COMMUNICATION
Difficultés de communication, impossibilité et parfois difficultés d'acquisition du langage (mais possibilité de développer d'autres compétences de communication)
TROUBLES SQUELETTIQUES
Problèmes osseux, une faible densité osseuse, dysplasie de la hanche, fractures récurrentes.
Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive. Toutes les personnes atteintes du syndrome ReNU ne présentent pas le même ensemble de symptômes.
De manière anecdotique, de nombreuses personnes atteintes du syndrome ReNU affichent un comportement joyeux. Elles sont très affectueuses. Elles peuvent utiliser des moyens de communication alternatifs. Elles ont tendance à aimer tout ce qui tourne, les balançoires, les battements de mains, les routines, les jeux avec l'eau et la musique. La mise en place dès le plus jeune âge de thérapies visant à développer les compétences psychomotrices permet d'améliorer la qualité de vie. Cette prise en charge passe par des soins pluridisciplinaires dispensés par de nombreux spécialistes dans les domaines concernés.